Les temps changent, les alliances aussi. Le partenariat d’origine entre SMH – le créateur suisse des montres Swatch – et Mercedes, qui avait donné naissance en 1994 à la société Micro Compact Car (MCC), détenue majoritairement par Mercedes (51 %) et Swatch (49 %) et au nom Smart (contraction de Swatch, Mercedes et Art) en 1995, ainsi qu’à la création de l’usine d’Hambach, en Lorraine, s’est concrétisé par le lancement de la petite Smart Fortwo deux places en 1997, année où elle fut présentée pour la première fois au salon de Francfort.
Aujourd’hui, de tout cela, seul le nom Smart est resté. Le site d’assemblage de Hambach a été revendu à Ineos pour y construire son 4x4 Grenadier, qui l’a lui-même entre-temps remis en vente récemment.
Et depuis 2019, le géant chinois Geely a rejoint l’aventure. Cette coentreprise sino-allemande repose sur une répartition stratégique: Geely prend en charge l’ingénierie et la production, tandis que Mercedes supervise le design.
Un équilibre malin qui rend difficile, au premier coup d’œil, de deviner que les #1 et #3 sont en réalité fabriquées en Chine. Résultat: le public européen n’a aucun mal à considérer ces modèles comme des équivalents crédibles aux productions allemandes traditionnelles.
Design Smart #5 Brabus
Le succès d’estime de ces premiers modèles a visiblement ouvert la voie à plus d’ambitions. Ou plus exactement, à la recherche d’un marché plus grand, plus porteur. Car si les #1 et #3 avaient encore été pensées pour s’épanouir dans un environnement essentiellement urbain, la nouvelle #5 affirme immédiatement, par son allure baroudeuse et ses dimensions généreuses - 4,7 m de long pour 1,9 m de large et 1,7 m de haut - qu’elle vise bien au-delà des frontières de la ville.
Avec cette croissance vient aussi un changement de style. Fini les courbes douces et les rondeurs espiègles des #1 et #3. La #5 arbore une silhouette musclée, presque militaire, avec des arches de roue proéminentes, un pilier D effilé, des porte-à-faux courts et des phares rectangulaires. L’ensemble respire davantage le sérieux, moins la frivolité. Et plus encore dans cette version Brabus d’essai, flanquée de jantes de 21’’, de prises d’air agressives et d’accents rouges sur les rétroviseurs et le splitter avant.
Habitacle Smart #5 Brabus
L’intérieur se distingue tout autant. Le rouge y est encore à l’honneur, notamment sur les logos Brabus brodés dans les appuie-têtes, mais aussi via l’alcantara sur le volant, le tissu Dinamica des sièges et le ciel de toit en microfibre.
Les matériaux utilisés sont soigneusement sélectionnés, les finitions impeccables. Les plastiques durs sont discrètement stylisés ou habillés de textures douces. Ajoutez à cela l’écran panoramique qui court sur tout le tableau de bord, et l’on obtient une atmosphère haut de gamme digne des meilleures références du segment.
Deux écrans OLED de 13’’ ouvrent les portes du Smart OS 2.0: un écosystème riche incluant Spotify, Amazon Prime, YouTube et même quelques jeux simples.
L’interface est fluide, rapide grâce à la puce AMD V2000, et le son, signé Sennheiser, remarquable, avec pas moins de 20 haut-parleurs. Petit bémol, cependant: une seule source audio peut être active à la fois, même si un passager utilise un casque Bluetooth. Une fonction ingénieuse permet par ailleurs d’afficher la navigation en grand format sur l’écran de 10,25’’ face au conducteur d’un simple glissement à trois doigts.
Origine chinoise oblige, le confort des passagers arrière a été particulièrement soigné. L’espace y est en effet généreux, les sièges latéraux chauffants, et la banquette peut être transformée en chaise longue, comme un transat.
Le coffre affiche, lui aussi, un volume très correct. En abaissant le plancher (ce qui augmente la capacité, mais aussi la hauteur de seuil), on atteint 630 litres. Banquette rabattue, le volume grimpe cette fois à 1530 litres. Il ne s’agit en aucun cas de records, mais ces valeurs apparaissent tout à fait compétitives. Et le câble de recharge a sa propre place dans le frunk avant de 47 litres (72 litres pour les versions propulsion à un seul moteur, disponibles plus tard).
Spécifications et performances Smart #5 Brabus
Vous pouvez ainsi opter pour un ou deux moteurs, un choix qui fait de votre #5 une propulsion ou un 4x4. Dans ce cas, la version de base - la Pro - se contente d'un moteur synchrone à aimants permanents de 340 ch et 373 Nm. C'est aussi la seule Smart #5 à être équipée d'une batterie LFP de 76 kWh (74,4 kWh nets).
Toutes les autres variantes sont équipées d'un pack de 100 kWh (94 kWh net) avec une composition NMC. C'est d'ailleurs la plus grande différence entre le Pro et le Pro+. En raison de la plus grande batterie, cette dernière voit également sa puissance augmenter légèrement pour atteindre 363 ch et 373 Nm. Des valeurs que vous obtenez également, soit dit en passant, si vous optez pour la version Premium.
Ce dernier délivre, dans la version Brabus, pas moins de 422 ch et 440 Nm – contre 363 ch et 373 Nm sur les autres modèles. En combinant les deux, la Brabus offre une puissance et un couple de respectivement 646 ch et 710 Nm! Résultat: un 0 à 100 km/h abattu en seulement 3,8 s, malgré un poids de 2,4 tonnes. Bluffant.
Conduite et confort Smart #5 Brabus
Au-delà de l’accélération spectaculaire qu’un tel potentiel permet, c’est surtout le comportement routier qui impressionne alors que cette Brabus ne reçoit pas d’amortisseurs spécifiques pour la cause. Mais cela ne semble jamais un problème.
Car le comportement est irréprochable, l’équilibre entre dynamisme et confort étant en l’état l’un des meilleurs du segment. La direction électrique, équilibrée et précise, permet une conduite sereine mais réactive. Malgré son gabarit et sa masse, la #5 encaisse les courbes sans roulis excessif et absorbe les irrégularités sans trop de heurts – même si, à basse vitesse, les déformations rapprochées peuvent provoquer un léger tressautement.
Elle utilise donc la même plate-forme SEA3 de Geely comme base (les deux autres Smart se contentent de la sous-structure SEA2). Smart n'a pas non plus pu recourir à la suspension pneumatique dans son réglage européen de la suspension que la #5 propose en Extrême-Orient.
RijbeAutonomie et charge Smart #5 Brabus
Grâce à sa batterie NMC de 100 kWh (94 nets), la #5 annonce 540 km d’autonomie WLTP. Sur un parcours vallonné dans la vallée du Douro, la consommation moyenne s’est établie à environ 25 kWh/100 km, soit environ 450 km réels.
Autrement dit, en matière d’autonomie, heureusement que la batterie affiche une grosse capacité, car la consommation ne fait pas de miracles, pénalisée de nouveau par la masse (pour une électrique, passe encore), mais surtout par son design de SUV, et donc par sa surface frontale importante (2,78 m²) à peine fluidifiée par un Cx de 0,32 qui n’a lui non plus rien d’exceptionnel.
Mais bonne nouvelle: grâce à son architecture 800 V, la #5 peut être rechargée à des puissances allant jusqu’à 400 kW. De quoi passer de 10 à 80% de charge en seulement 18 minutes, soit un bon 300 km récupérés en un peu plus d’un quart d’heure. Sur borne AC, le chargeur embarqué de 22 kW permet une recharge complète en cinq heures. Là encore, ce sont des performances de haut vol dans le monde du premium.
Prix Smart #5 Brabus
Le tarif? 61.700 € pour la version Brabus. Un prix en ligne – voire légèrement au-dessus – avec la concurrence allemande premium. Mais ici, tout est inclus, à l’exception de la peinture métallisée et du crochet d’attelage (jusqu’à 1,6 tonne de capacité de remorquage). Et non, pas de catalogue d’options interminable en l’occurrence: c’est du clé en main.
- Smart #5 Pro : à partir de 46.700 €
- Smart #5 Pro+ : à partir de 51.700 €
- Smart #5 Premium : à partir de 56.200 €
- Smart #5 Pulse : à partir de 56.200 €
- Smart #5 Summit Edition : à partir de 57.700 €
Verdict Smart #5 Brabus
Cette Smart #5 Brabus coche de toute évidence les cases essentielles : qualité perçue sans faille, technologies embarquées, performances ahurissantes, confort de haut niveau, autonomie intéressante… tout y est. Certes, quelques défauts subsistent, mais aucun ne mérite de faire vaciller l’ensemble. Il est donc tout à fait possible que cette nouvelle venue joue un rôle non négligeable dans le segment C. Reste juste une question existentielle: est-il raisonnable (ou simplement pertinent) de mettre entre toutes les mains un SUV affichant une puissance (électrique, donc immédiatement disponible) de supercar ? À chacun de se faire son opinion...
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