Le marché de la moto doit-il calquer son évolution sur celui de l’automobile ? Aujourd’hui, la grande majorité des voitures neuves sont dotées d‘une boîte automatique ou robotisée, accompagnée ou non de palettes au volant. Statistiquement, les nouveaux motards – qui sont aussi par obligation ou choix également des automobilistes – seront donc de plus en plus nombreux à être habitués à ce type de transmission sur quatre roues. Jusqu’à récemment, l’univers du deux-roues semblait faire un peu de résistance, la notion de plaisir accompagnant la pratique de la moto apparaissant souvent incompatible avec une automatisation des boîtes de vitesses. Mais ça, c’était avant d’essayer les motos «sans levier d’embrayage» et/ou pourvue d’un quickshifter.
Concept Yamaha MT09 Y-AMT
Pour lancer cette nouvelle technologie Y-AMT, Yamaha a misé sur sa nouvelle MT-09. Ce roadster sportif apparu en 2013 et dont la dernière (importante) évolution date de 2024, connaît un certain succès grâce à son look avant-gardiste et assez bad boy. Plus de 200.000 exemplaires ont été vendus, dont plus de la moitié en Europe. Sa position de conduite très active, entre celles d’un roadster et d’un supermotard, donne envie de le bousculer, de s’amuser. Et justement, donc, Yamaha pense que le plaisir peut être décuplé par sa nouvelle boîte automatisée qui ne ferait qu'exacerber le plaisir procuré par le roadster MT-09. Évidemment, ce n’est qu’un début, d’autres modèles suivront prochainement.
Avec son bloc CP3 de 119 ch, le roadster musclé de Yamaha est le modèle de grande diffusion le plus «fun» de la gamme actuelle. Ce trois-cylindres de 847 cm3 apparu en 2013 visait à concurrencer les 3-cylindres anglais et italiens, car cette architecture est la bonne combinaison entre bicylindre et 4-cylindres. Du couple, du son et de la rage, cette architecture promet des sensations. Ce bloc possède un double arbre à cames en tête et quatre soupapes par cylindre.
La première chose que l’on remarque au guidon de cette MT-09 Y-AMT, c’est naturellement l’absence de sélecteur au pied et de levier d’embrayage. Sur le commodo gauche, le commutateur à bascule suit le mouvement du corps en roulant et son inertie naturelle avec un mode de fonctionnement logique puisqu’il suffit d’exercer avec l’index gauche une légère traction sur le bouton +, à l’avant de la poignée, pour monter de rapport. Pour descendre une vitesse, le pouce peut enfoncer le bouton – ou l’index pousser le bouton +. Enfantin. Et dans la pratique ? Techniquement, le système Y-AMT est à la fois simple et complexe. Sans avoir recours à l’hydraulique, il fait appel à deux actionneurs électriques, l’un commandant la boîte et l’autre agissant sur l’embrayage. Le boîtier électronique dédié gère l’ensemble des paramètres, assurant le changement de rapport en seulement 1 dixième de seconde, quel que soit le mode choisi, AT (entièrement automatique) ou MT (manuel robotisé), à l’aide de la commande logée sur le commodo droit.
Au guidon Yamaha MT09 Y-AMT
Une fois la mécanique lancée et le mode sélectionné, le démarrage se révèle particulièrement souple. Une légère traction sur la poignée de droite et la MT-09 s’élance dans la douceur. Comme promis par ses concepteurs, l’acclimatation est immédiate. Les premiers kilomètres s’effectuant en ville puis sur autoroute, nous choisissons d’essayer le mode le plus « sage », le mode D en full automatique. À chaque décélération, la boîte descend de rapport au moment idéal, générant un agréable claquement mécanique rappelant que l’on a affaire à une boîte manuelle à prise constante avant tout. Un dépassement à effectuer ? Une traction franche sur l’accélérateur et la boîte rétrograde d’un rapport pour permettre au 3-cylindres en ligne de se retrouver dans la plage de couple idéale, vers 6 ou 7000 tours. Et sur ce plan, on est gâté par ce bloc CP3 et ses 93 Nm. Pour rappel, chez Yamaha, MT signifie Master of Torque…
Lorsque les routes se font plus sinueuses et moins encombrées, le mode D+ révèle tous ses avantages. Cette fois, les accélérations se poursuivent jusqu’à des régimes plus élevés, titillant même à pleine charge la zone rouge et les 10.000 tr/min délivrant la puissance maximale. Le quickshifter de troisième génération fait merveille, permettant d’enquiller les rapports à la volée en faisant hurler le 3-cylindres.
En mode AT, les boutons + et – de la commande manuelle restent naturellement actifs. Sans changer de mode pour autant. Vous voulez rentrer un rapport au dernier moment en pinçant bien les freins ou sur l’angle ? Pas de souci, la boîte gère. Tout comme elle refusera de monter de rapport manuellement si le régime est trop faible, la transmission Y-AMT ne vous laissera pas tomber un rapport de trop. Au niveau confiance, le pari est également réussi. Avec un temps de réaction aussi court, 1 dixième de seconde, et surtout un seul embrayage, on n’a jamais l’impression de se retrouver « entre deux rapports ». Face à un Stop ou un feu rouge, la boîte se remet automatiquement en première. Ceux qui apprécient de partager alors le son du moteur avec les automobilistes ou les piétons seront ravis de savoir qu’il est possible de mettre la boîte au point mort en appuyant une fois de plus sur le bouton – du commutateur à bascule.
Verdict Yamaha MT09 Y-AMT
En MT, tout se passe au niveau de la commande gérée par l’index et le pouce gauches. Aujourd’hui, cette transmission Y-AMT est déjà disponible sur deux autres modèles, la MT-07 (la petite sœur), et la Tracer 9, la sport-tourer. Cette dernière associe plus encore que la MT-09 le meilleur des deux (ou trois…) mondes, laissant le choix de la boîte manuelle, le mode semi-automatique ou le mode entièrement automatique selon les circonstances et l’humeur du pilote. À moins d’être réfractaire à toute évolution, essayer la transmission Y-AMT, c’est l’adopter.
Texte Moto 80 - Vincent Marique/Laurent Blairon
Dans cet article : Xpeng
